Un premier chemin de vie en tant que soignante, où j’ai appris à respecter l’Être Humain dans toutes ses dimensions physique, mentale, affective et spirituelle.
Un second chemin de vie de restauratrice de tableaux et d’objets d’arts polychromes, où j’ai appris à considérer l’Œuvre d’Art, issue du travail manuel et intellectuel de l’être humain, comme Unique aussi bien au moment de sa création, que dans son parcours et ce, jusqu’au moment où elle me soit confiée.
Ces chemins m’ont permis de croiser les compétences dans trois domaines :
L’Histoire de l’image représentée afin d’essayer de la reliée à un courant artistique, l’Histoire de l’artiste en recherchant une signature et/ou une technique caractéristique, l’Histoire de l’œuvre recueillant un maximum d’indice permettant de suivre son parcours.
L‘Art : par une pratique artistique régulière, par l’étude de techniques anciennes et contemporaines
La Science : pour analyser la nature des matériaux constitutifs afin de rechercher en permanence des techniques et des produits compatibles, stables et réversibles.
Les « patients » semblent différents mais la démarche de soins présente de réelles similitudes :
- Une attitude discrète, humble et respectueuse
- Une déontologique professionnelle clairement établie,
- Des mots et des maux : diagnostic, interventions, urgence, complications, traitement curatif et ou préventifs, pores, craquelures, nodules, exsudats, champignons, bactéries, parasites, analyse du pH, encrassement ….
- Une compréhension de l’anatomie d’une œuvre
- Une recherche de traitement et de techniques les plus minimalistes et les moins invasives possibles
- Une constante remise en question
- Une participation aux recherches scientifiques,
- Un échange de savoir et/ou de travail en équipe avec d’autres restaurateurs français et internationaux, diplômés et/ou agrées musées de France,
- Une collaboration très hétéroclite avec différents professionnels notamment dans la prise en charge des œuvres contemporaines :les archivistes, les artistes et/ou leur descendants, les ébénistes, les horlogers, les fabricants de matériaux composites, la plasturgie, la carrosserie, les encadreurs, les doreurs ….
- L’organisation de démarches éducatives à l’égard des propriétaires des œuvres, des étudiants, des transporteurs et des responsables des lieux d’exposition
- Une continuité des soins qui doivent être réversibles afin que les restaurateurs du futur puissent assurer la pérennité de l’œuvre et éventuellement retirer nos interventions.
Ces chemins me permettent de faire évoluer en permanence ma réflexion ainsi que mes pratiques professionnelles autour de deux éléments indissociables : l’Homme et son Œuvre.